12 avril 2017

SXSW 2017 : Retour d’expérience de Thibaut Schlaeppi, responsable des relations startup

Vous étiez à l’édition 2017 du SXSW, pourriez-vous nous expliquer le principe de cette conférence ?

Le principe de la conférence est de réunir un ensemble d’acteurs autour de trois thématiques : le film, la musique et le monde de l’interactif (l’innovation, les start-ups, les medias…). La réunion de ces trois thématiques ainsi que la composition des participants – où la culture design et startup est centrale - est unique pour une conférence.

Plus concrètement, SXSW s’articule autour de conférences avec des speakers choisis par la communauté. En résulte un contenu de conférences très prospectif et avant-gardiste.On retrouve également des concours de pitch de start-ups (SXSW Accelerator) et des « venues », lieux loués par des sociétés et qui orchestrent la communication de leur marque avec les participants à l’évènement.

Enfin, le volet politique et civique occupe chaque année une place importante dans la conférence. Je pense notamment aux nombreuses prises de position de conférenciers sur des questions écologiques qui ont chaque année une place significative, à l’évolution de nos modes de vies et de travail, à la transformation de nos villes, mais aussi aux questions de confidentialité des données. La sécurité des données est un sujet pris très sérieux. SXSW s’est tenu seulement quelques jours après les révélations Vault 7 de Wikileaks ; la communauté SXSW regarde l’Europe comme un pionnier en matière de stratégie publique de données.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette édition ?

Cette année, plusieurs conférences étaient dédiées au spatial et plus précisément à la conquête de Mars. Une phrase prononcée par Buzz Aldrin, astronaute américain, est restée ancrée dans les esprits : « people explore or they expire ». Cette citation résume bien l’esprit du SXSW, l’humanité a besoin de se donner des challenges, c’est ce qui lui permet d’aller de l’avant et d’innover.

Un autre sujet très présent cette année est la progression de la matière design, notamment du computational design (design de produits ou process grâce à des moyens digitaux). J’ai également constaté que les questions d’inclusion (inclusive design – ou fabriquer des produits/services pour le plus grand nombre) sont désormais au cœur des réflexions des designers qui savent la responsabilité qu’ils portent dans leur métier.

Les chatbots et les touchpoints (points de contacts) utilisant des métriques conversationnelles (notamment conversational AI) étaient au cœur du débat, d’une part sur ce qui fait leur force et comment les utiliser pour maximiser leur efficacité, mais également sur leurs faiblesses. Une conférencière, qui évoquait le « quantified mind » (les technologies permettent désormais pratiquement d’anticiper ce que nous aimerions), rappelait en particulier l’importance de toujours préserver la capacité de choix des utilisateurs et de ne pas les enfermer dans leur zone de confort ! Le discovery by design en quelque sorte.Il semblerait également qu’on assiste à la fin du dogme du « always online » ; dans nos expériences avec les technologies, il est en réalité fréquent de se retrouver dans une zone sans connexion. Mieux vaut finalement designer des expériences offline que la connexion au réseau exaltera, que créer des expériences connectées mais qu’on utilise souvent en mode dégradé. C’est en tout cas ce qu’un conférencier appelait de ses vœux (« from mobile first to offline first »).

Enfin, la fintech et l’insurtech font désormais partie des thématiques de premier plan de la conférence, ce qui est une nouveauté. Entre les questionnements sur l’apport sociétal de la blockchain et les conférences sur les relations banques/fintech, SXSW s’approprie désormais les évolutions de notre industrie, longtemps reléguées au second plan dans cet évènement. Ce que nos collègues de l’Atelier US n’ont pas manqué de souligner : http://www.atelier.net/trends/articles/sxsw-partenariat-fintech-banques-solution-debancarisation-de-amerique_445362

Quel est l’intérêt pour les start-ups ou entreprises d’être présentes à la conférence SXSW ?

A SXSW c’est le brassage culturel qui permet de générer de l’inspiration, c’est le mélange des genres au service de la nouveauté : « Creativity comes from unlikely juxtapositions » pour reprendre une citation de Nicholas Negroponte, fondateur du MIT, repris par John Maeda, illustre designer americain, dans une conférence sur le Design in Tech. Cela résume très bien l’esprit de SXSW, et c’est d’ailleurs ce qui nous inspire au quotidien chez BNP Paribas Cardif dans la stratégie d’open innovation.